Télérama publie ces trop courts extraits d’un entretien avec le réalisateur Martin Courcier dont France Ô diffuse actuellement le documentaire Histoire des médias sous influence.
Ma recherche m’a moi-même permis de prendre la mesure du control de l’information en Guadeloupe. En effet j’ai pu feuilleter tous les numéros de France-Antilles Guadeloupe des années 1960 au années 80 disponibles aux archives départementales. J’ai été très choqué de voir à quel point le journal ignorait les troubles sociaux et les mouvements politiques qui ont marqué cette époque. Lire France-Antilles et le journal indépendantiste Ja Ka Ta côte-à-côte, on a l’impression de deux mondes parallèles: l’un dédié à une lutte anticoloniale, l’autre obnubilé par les accidents de la route et les concours de beauté. Un qui s’inquiète des effets de l’arrivée des containers sur l’emploi guadeloupéen, l’autre qui fête l’atterrissage des premiers avions à réaction qui permettent l’arrivée d’encore plus de touristes.
France-Antilles a passé au silence les courants autonomistes et indépendantistes pendant plus de trente ans. Mais ce silence ne s’arrête pas là. Même aux archives, les pages consacrées aux événements phares de cette période — comme le massacre de Mai 67 — ont été arrachées ou les numéros manquent à la collection. Ainsi, c’est tout un pan de l’histoire guadeloupéenne qui est effacée.